C’est avec trac et une grande émotion qu’une vingtaine d’élèves de troisième du collège Louis Jouvet de Villeurbanne ont fait une lecture publique des Monologues de Gaza le 17 mars 2022 dans le double cadre du Printemps des poètes et de Villeurbanne Capitale Française de la Culture 2022.
Les Monologues de Gaza sont une série de courts textes écrits par de jeunes Gazaouis deux ans après le traumatisme de l’opération militaire israélienne "Plomb durci" l’hiver 2008-2009. Ils écrivent sur les souvenirs de l’agression israélienne, sur leur quotidien, sur les frustrations qu’ils vivent dans la bande de Gaza, isolés du reste du monde, ils parlent de leurs rêves, de leurs projets d’avenir. Des textes comme une thérapie pour surmonter la déshumanisation systématique engendrée par l’oppression et la violence.
Le spectacle était cordialement accueilli par l’équipe du Rize, le centre de mémoires, de cultures et d’échanges de Villeurbanne. Le spectacle a été mis en espace par Roseline Villaumé, comédienne et metteuse en scène, adhérente de l’AFPS Lyon. Le travail avec les collégiens consistait à créer des passerelles entre les jeunes de Gaza et ceux de Villeurbanne. Un parti-pris qui a conduit à réaliser un montage à partir du livret des Monologues de Gaza en tenant compte du choix des collégiens. Préparé dans le contexte de la crise sanitaire, le dispositif scénique est resté modeste. Sur scène, une douzaine d’élèves lisaient à tour de rôle des extraits des Monologues. Ils s’adressaient au public mais aussi à leurs camarades assis en cercle. Dissimulés derrière le rideau de scène, une autre partie des élèves leur faisait écho en lisant d’autres passages des textes. Ces voix sans visage symbolisant celles des jeunes gazaouis.
Des textes émouvants, poétiques parfois, dans lesquels se mêlent amertume et rêve d’évasion : "(…) Gaza, c’est comme un avion qui vole vers l’inconnu avec tout le monde à son bord et qui se pose ni au paradis ni en enfer. Quand est-ce qu’il va se poser, Dieu seul le sait, et peut-être que les gens vont rester suspendus dans les airs pendant des lustres et des lustres (...)"
C’était la première fois que ces collégiens se retrouvaient devant du public - un auditorium avec près de cent personnes - et à utiliser un micro. De quoi être intimidé, bien sûr. Mais leur prestation a été épaulée par le jeu de deux excellents musiciens, Mahdi Hachem, percussion, chant et Chadi Hachem, Oud, chant. Du fond de la scène, leur musique contribuait à l’illusion d’un Gaza, à la fois lointain et proche de nous. Le spectacle s’est terminé par un échange entre le public, les collégiens et la metteuse en scène.